Aaaah si vous saviez comme je suis tellement contente de vous partager ce nouvel article 🙂
Avant tout, je préfère prévenir que celui ou celle qui a perdu son âme d’enfant risque fort de trouver ce nouveau sujet d’un ennui mortel et interminablement long car je vais vous parler de ma poupée d’enfance fétiche à savoir l’iconique Barbie. Je suis allée au Musée des Arts Décoratifs où se tient jusqu’au 18 septembre 2016 une merveilleuse exposition sur ce sacré bout de femme de 29 cm et j’ai tellement adoré cette rétrospective déployée sur 1500 m² que j’ai bien eu du mal à ne pas vouloir photographier chacune d’entre elles, soit 700 modèles ! et comme la balade se fait sur 2 niveaux, BINGO ce sera donc 2 articles pour le prix d’un !!!
C’est au pied de cette porte rose que tout commence, cette nuance 219c répertoriée par Pantone que l’on pourrait presque rebaptiser « le rose Barbie » tant cette couleur est associée à la demoiselle qui l’air de rien fête ses 57 printemps.
La visite débute dans cette pièce sombre où l’on trouve ici de restitué tout ce dont une petite fille des années 1950 pouvait désirer recevoir en cadeau, comme un baigneur ou des poupées de porcelaine, de chiffons ou en papier cartonné.
Et justement c’est là qu’entre en scène Ruth Handler qui observe jouer sa fille Barbara et constate qu’elle se lasse à faire la petite maman et délaisse ses poupons toujours vêtus de layette au profit de celles en papier au corps de femme qu’elle ne cesse d’habiller de multiples façons. Lui vient alors l’idée de vouloir réaliser une poupée en 3 dimensions à la silhouette d’une mannequin de mode. C’est au cours d’un voyage en Suisse qu’elle découvre la poupée Lilli, qui était offerte aux lecteurs du sulfureux tabloïd Allemand Bild Zeitung. Lilli était l’héroïne coquine d’un comic-strip dessiné par Reinhard Beuthien, sa première apparition figure dans un numéro de 1952, on pouvait également l’acheter dans les bars ou les bureaux de tabac….elle n’était donc pas destinée aux enfants.
Nous sommes en 1956, Ruth achète un exemplaire de Lilli, et s’évertue à convaincre son époux Elliot de développer une poupée équivalente. Ruth et Elliot étaient depuis 1945 associés avec le designer Harold Mattson à la petite société Mattel (MATson+ELliot), qui du fond de leur garage fabriquaient des cadres puis des meubles de maison de poupées. Mais les deux hommes étaient tous deux assez septiques et embarrassés par l’aspect très sexué des courbes de ce futur jouet enfantin.
Malgré de grosses similitudes avec la fameuse Lilli, il aura fallu 3 années et l’aide de l’ingénieur Jack Ryan pour que Ruth puisse enfin prénommer sa poupée Barbara Millicent Roberts devenue rapidement Barbie pour faire plus court.
Lancée en 1959, à la foire du jouet de New York, la toute première Barbie ne rencontre pas encore son public. Tout bascule quand Barbie se retrouve dans les magasins, là c’est un tel succès aux États-Unis que la fabrication estimée par Ruth autour de 20 000 pièces par semaine se voit de devoir vite tripler. Sans l’aide de la campagne publicitaire initialement prévue, elle profite d’un si bon bouche à oreille qu’elle sera le premier jouet à se vendre aussi bien après les fêtes de Noël qu’avant ! rapidement Barbie envahit les magasins européens, et Mattel du mettre en place un secrétariat pour Barbie tellement cette dernière avait d’admirateurs et autant de courriers qu’une starlette de cinéma. 5 ans après avoir dévoilé Barbie à la foire du jouet, Rolf Hausser le directeur de l’entreprise de jouets O&M Hausser et créateur de Lilli découvre avec stupeur Barbie, voulant dans un premier temps poursuivre Mattel devant la justice pour finalement leur vendre les droits de la poupée Lilli afin de sauver son entreprise familiale qui fit malgré tout faillite peu de temps ensuite. Mattel fera cesser sur le champ la production de Lilli dès l’acquisition des droits de celle-ci.
Voici donc la première Barbie, blonde platine au teint pâle et à la taille de guêpe. Elle n’est vêtue que d’un maillot de bain zébré noir et blanc afin d’encourager l’achat du reste de sa garde robe, les rayures sont quant à elles destinées à la rendre télégénique dans les spots de publicités, les écrans de tv des années 60 étant dépourvues de couleurs.
A partir de l’année 1963, Barbie devient rousse ou brune ou blonde grâce à des perruques interchangeables, puis tout s’accélère pour celle qui devient un vrai phénomène et le reflet de l’évolution de son époque. Peu avant les années 70 son visage change, il s’est adouci, son teint est moins laiteux et ses sourcils sont devenus moins accentués. Son regard n’est plus en biais vers la droite comme à ses débuts car les femmes sont à ce moment de plus en plus nombreuses à conduire une voiture, pour cette raison ses yeux sont donc rectifiés à regarder de face. Barbie a perdu son expression sérieuse voire un peu soumise en regardant le sol, elle devient souriante et change de morphologie en ayant notamment les jambes pliables et un buste qui pivote. Elle est indépendante, elle a des vêtements de plus en plus chics mais passe aussi à la mini jupe et prend du temps à s’amuser, à faire du sport, à faire les boutiques, elle fait du cheval, part en voyage… la poupée ne cesse de changer en parallèle du rôle de la femme dans la société. Dès 1967, sur fond de luttes raciales aux États-Unis un modèle à la peau noire est proposé, Francie suivi de Christie.
Le Musée des Arts décoratifs a prévu un endroit de détente pour les plus jeunes visiteurs désireux de vouloir s’amuser avec les jouets mis à leur disposition. Mais il faut poursuivre la visite car nous n’en sommes qu’au début!
Après avoir rencontré la grande famille de Barbie, composé de sœurs, de petit frère et de cousines, de nombreux amis et d’animaux, on la retrouve ici avec son amoureux Ken. Celle qui jusque-là avait été conçue comme une femme libre, sans mari ni enfants le rencontre en 1961, à la demande des petites filles qui réclamaient un amoureux pour leur poupée adorée. Ses créateurs, Ruth et Elliot le prénomme ken en référence au diminutif de leur fils Kenneth. Malgré son 30 cm de hauteur, et son futur sourire ultra brite et son bronzage annuel, il ne rencontra jamais autant de succès que sa dulcinée, allant jusqu’à divorcer d’elle en février 2004 pour se voir remplacer par Blaine l’Australien surfeur en juin 2004 ( on en apprend tous les jours….) Pendant cette période, la production de Ken est arrêtée et coup de théâtre le voilà qu’il revient dans la vie et le cœur de Barbie en 2006. Faut admettre que ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre un homme aussi plein d’entrain à chausser des patins à glace et porter sans embarras des pantalons mauves satinés !!
(quant à Blaine nous n’avons plus eu d’apparitions de sa part jusqu’à ce jour)
Barbie, ne se contente pas d’être uniquement l’épouse de Ken, bien au contraire. Celle qui avait commencé en 1959 par être mannequin, se voit finalement capable de tout savoir faire avec à son actif 150 métiers !! elle s’est toujours adaptée aux changements sociaux, politiques et culturels de plusieurs générations.
Infirmière et hôtesse de l’air en 1961, femme d’affaires en 1963, professeur d’université et astronaute en 1965 (soit 4 ans avant Neil Armstrong), chirurgien en 1973, athlète aux JO en 1975 et caissière au MacDonald’s en 1983, ambassadrice de l’Unicef en 1989, candidate à la présidentielle en 2000, informaticienne en 2010 etc..etc.. bref elle est la « Girl power » dont toutes les petites filles peuvent se rêver d’être à leur tour.
Barbie est donc une amoureuse épanouie, ainsi qu’ une travailleuse accomplie ! nous sommes finalement assez loin du cliché de la belle plante blonde écervelée qui lui colle à la peau. Malgré cela, Barbie a toujours subie beaucoup de critiques, avec en tête celle de fausser l’image de la femme avec sa silhouette trop parfaite en affichant un 90x60x90 cm et d’encourager à l’anorexie. Des scientifiques sont allés jusqu’à démontrer que si Barbie était une vraie femme, elle pèserait 49 kilos et mesurerait 175 cm, son tour de taille ferait 45 cm et ses pieds 21 cm ! Depuis peu Mattel tord le coup à ses détracteurs en proposant « Barbie Fashionistas » avec 3 nouvelles silhouettes, ronde, petite et grande déclinées en 7 couleurs de peau différentes. L’annonce a par ailleurs été saluée sur les réseaux sociaux par plusieurs centaines de messages se réjouissant de ce changement, et l’hebdomadaire américain TIME en a même fait sa couverture en janvier dernier tant c’est un événement avec en titre « A présent, peut-on arrêter de parler de mon corps ? » !!
Vous l’aurez constaté, Barbie n’est plus uniquement la blonde à laquelle on pense immédiatement, avec le temps elle s’est énormément diversifiée pour finir par incarner un nombre considérable de types ethniques, et toutes les petites filles peuvent se retrouver un peu en elle, toute sans exception et ça c’est une belle avancée!
Nous avons fait le tour du rez de chaussée, et je vous prie de croire qu’au premier étage c’était encore bien mieux !
Alors je vous donne rendez-vous très rapidement pour visiter ensemble la suite de cette exposition sur cette quinquas toujours aussi pimpante qui comme vous le verrez dans le second chapitre n’a jamais cessée d’inspirer un grand nombre d’artistes la dressant au rang d’icône absolue.
Barbara …quelquefois surnommé Barbie par ceux qui se reconnaîtront !
© Crédit photos Barbara Eichert
Exposition Barbie aux Arts Décoratifs
Du 10 mars au 18 septembre 2016
Lieu : Musée des Arts Décoratifs, 107 rue de Rivoli, 75001 Paris
Horaires : 11h-18h mardi-dimanche, nocturne jeudi jusqu’à 21h
Tarifs : 11€, 8,5€ tarif réduit, gratuit -26 ans
J’ai vu l’exposition que j’ai comme toi adoré !…et là de revoir au plus près ces demoiselles, et de lire tranquillement chez moi tous les détails si bien expliqués, quel plaisir!! … Bravo Barbara pour cette Barbie girl story , qui a tendrement tapé, aux souvenirs de mon enfance…A très vite pour la suite….
Ma chérie, ton article est fantastique,quel travail ! la documentation est impressionnante et l’expo aussi d’ailleurs.Je comprends ta nostalgie, le model est idéal,j’ai hâte de lire ton second numéro.
Je me suis régalé de savoir tout sur Mattel et son icône tu es sensationnelle dans ta fluidité d écriture on ne rate pas un mot tant c’est bien décrit avec panache et une sacrée passion sur le sujet qui donne au lecteur l’envie de tout savoir sur le sujet !!! Je viens d’en apprendre énormément !!!! Ma préférée est celle habillée par karl Lagerfeld, elle est trop belle,j’aimerai l’ avoir 🙂 J’assume total. J’ai hâte à présent de lire la suite !!!!! Ce sujet me donne l’envie d y aller après avoir lu ta visite bien guidée par une journaliste de renom !!!! Mille merci pour ton entrain et cette si bonne humeur à te lire ,tu es (sans rire) prête pour écrire dans les plus grands journaux nationaux tellement ta plume est vivante!Love love love ❤ à chaque fois tu nous captive à tout lire et tout voir, peu importe le sujet on se cultive naturellement grâce à tes articles extraordinaires. 10/ 10 sans hésiter !!!!! Bravo Barbara tu es notre Barbie de cœur, une femme moderne intelligente hypersensible attentionnée perfectionniste, une amie rare! et le reflet de ta maman claire, une femme épanouie totale ! Tu tiens d'elle, la pin up au grand coeur 🙂 7+.
Barbara ..Elliot….tiens tiens !….Ken , euh non Pierre curieux , non ?
Les poupées ne m’intéressaient que peu mais ma sœur Joëlle beaucoup . Si dans notre enfance Barbie avait existé je me serais probablement laissée faire car elle voulait que je joue avec elle .
Mille bravo , nous attendons la suite . Bisous , bisous .
P.S. : Nous n’avons pas vu Elliot…Eichert à l’exposition .
Ah ! j’y pense , 57 ans et pas une ride….Quel est son secret ? .Et si Mattel faisait prendre de l’âge à sa star ?
Merci à vous tous vraiment pour votre enthousiasme et votre fidélité sans failles (et toi F.Setbon tu retiens tous les records de commentaires XXL qui me touche autant qu’ils me font rire !! 🙂 tu es trop mimi et unique en ton genre ) ça va m’encourager à terminer ce fameux second article ! je vous embrasse fort
Après avoir une nouvelle fois savourée, des mèches platines aux ongles vernissés… votre article sur l’exposition Poupée Barbie, (depuis la genèse jusqu’à nos jours) aux « Arts décoratifs », je regrette fort que notre collègue ne la poursuive jusqu’en octobre 2016, date à laquelle je me rendrai sur place. Il semblerait…Vu l’absence d’appareil photo en bandoulière sur l’une ou l’autre des poupées exposées, qu’il manque un corps de métier à cette rétro?…
Je proposerais bien un nom pour symboliser cette reporter talentueuse…si j’étais sure de ne pas être accusée de plagiat…
Merci Aimée vous m’avez fait sourire ! en effet je n’ai pas vu de « Barbie photographe » 🙂 à très vite pour le second et dernier épisode.
Ma chère Barbara, une fois de plus bravo pour ce magnifique et riche reportage sur cette Barbie qui n’existait pas dans mon enfance vu mon âge! Ma petite fille Tess qui en a eu plus d’une, n’en a sûrement jamais vu autant à la fois, tes commentaires me régalent, ta documentation vraiment riche et précise représente pas mal de travail donc courage et attendons la suite avec impatience ! Grosses bises
Ahhh Barbara tu m’a replongé en enfance là
Merci!!!! Bisous
Super reportage ! J’y suis allée moi aussi début aout. J’ai fait un article sur mon blog, mais puis-je mettre un lien vers votre blog car sincèrement il vaut le détour !
bravo pour les photos et la qualité rédactionnelle.
Tout d’abord Bienvenue à vous Isabelle ! je me fais le plaisir de vous accueillir dans cet espace virtuel qui n’en est pas moins chaleureux je l’espère. Merci pour votre enthousiasme et bien évidement vous pouvez insérer mon modeste reportage sur votre propre page, c’est très sympathique de votre part 🙂 à bientôt
Merci Barbara. 🙂